Explications è_é [PV Liu]

Les journées comme ça, elle les adorait. Aujourd'hui était jour ferié, et le soleil brillait comme seul peut briller un soleil. L'alliance du repos et du beau temps, l'un ne pouvant aller dans l'autre sans donner une journée réussie, suivant l'alchimie personnelle d'Ageha. Pour couronner le tout, la jeune fille se baladait hors de l'enceinte scolaire de Mahora, ce qui ne pouvait que de la rendre de bonne humeur. Dans les rues encombrées, elle s'était habillée de manière passe-partout, goutant au plaisir de se fondre dans la foule: un jean, des converses, un débardeur vert et une casquette. Elle avait rentré ses cheveux blonds si reconnaissables par leurs reflets oranges dans son débardeur. Ainsi, elle passait totalement inaperçue, exactement ce qui lui convenait pour ce qu'elle se préparait à faire.

La jeune fille quitta brusquement l'artère principale bondée pour s'engouffrer dans une ruelle adjacente. L'air décontracté, elle sourit à un homme adossé au mur, l'air de s'ennuyer profondément. Il se redressa, et elle l'embrassa sur la joue, en lui fourant quelques billets dans la poche. L'homme l'embrassa sur l'autre joue, et lui mit un petit paquet dans la main. Elle continua tranquillement son chemin, les mains dans les poches.

Une fois sa comission achevée, Ageha se dirigea vers la rue où se trouvait tout les restaurants. Il lui restait quelques sous en poche, et voulait en profiter.

Elle s'instala dans son bar préféré, en terrasse pour pouvoir fumer. Le serveur arriva bien vite avec sa commande, un sorbet au chocolat, et elle le remercia d'un sourire. En sirotant son sorbet à l'aide de sa paille, Ageha regarda le ciel bleu, pensive. Le matin même, elle s'était réveillée dans son lit, comme si rien ne s'était passé. La seule chose qui lui prouvait qu'elle n'avait pas rêvé, c'était la perte de son briquet, perte qui l'attristait beaucoup, car elle tenait énormément à l'objet. Depuis, elle passait son temps à regarder les gens qu'elle croisait, en se demandant qui était magicien, et qui ne l'était pas. Assise à la table de la terrasse, elle vit au loin passer dans la foule la chevelure éclatante de Miu. La jeune fille tira une boufée sur sa cigarette, pensive. Miu aussi était peut-être magicienne. Elle n'avait aucun moyen de le savoir.

Le sorbet au chocolat faillit bien finir par terre quand Liu surgit brusquement devant elle.

Liu déambulait dans les rues de Mahora. Il lui fallait sortir et marcher, question de santé. Son corps tout entier le tiraillait. Il payait cher ses excès de la veille. Enfin, excès... le terme était un peu fort. S'il n'avait pas usé d'un tel sort en poussant ses limites, qui sait ce qui aurait pu arriver ? En conséquence, il souffrait de violentes courbatures. Le réveil avait été difficile, et il avait passé une bonne partie de la matinée allongé, le moindre mouvement lui faisant serrer les dents.

Il était déjà l'après-midi quand il pu enfin se mouvoir à peu près librement. Liu sorti donc pour respirer de l'air frais. Le voila maintenant dans les rues commerçantes, pleine de monde. Aujourd'hui était un joue férié, et tout le monde en profitait. Liu évitait les contacts physiques au maximum. Pas par dégout, ou autre raison du genre, mais simplement pour ne pas réveiller ses douleurs.

En débouchant sur un autre axe, Liu nota la présence de plusieurs bars. Il décida de s'offrir une petite pause, et de se reposer un peu. C'est alors qu'il avisa un peu plus loin la silhouette d'Ageha. En fait, il n'en était pas sur, car la fille portait une casquette, ce qui lui masquait le visage, et ses cheveux étaient dissimulés également. Mais ses doutes disparurent en s'approchant, il s'agissait bien d'Ageha.

Ageha. Une fille normale, qui, il y a un jour encore, ignorait encore qui il était vraiment, de même que les quelques 67 millions de personnes dans son cas. En l'espace d'une heure, tout avait changé : sur une maladresse, elle avait apprit que la magie existait, de même que ses pratiquants. La nouvelle lui avait causé un accès de panique, et il en avait résulté une course-poursuite infernale dans les méandres de la bibliothèque, dont ils ne s'étaient pas sortis complétement indemnes.

Liu alla la voir. S'il avait calmé le jeu, pour un temps, il lui devait des explications, et le plus tôt serait le mieux. Mieux valait que ce soit lui qui le lui donne, plutôt qu'un autre magicien plus... "expéditif".

Elle était en train de fumer, tout en sirotant un sorbet chocolat, quand il se arriva en face d'elle. Perdue dans ses pensées, elle n'avait pas du le voir arriver, et manqua de renverser sa boisson.

" Pardon de t'avoir surprise. Permets-tu que je m'asseye ? Je pense qu'il faut que nous discutions de certaines "choses". "

Joignant le geste à la parole, Liu s'assit en face d'Ageha. Il commanda un thé, mais resta silencieux le temps que le serveur le lui apporte. Il en bu une gorgée, et savoura l'arôme. Bien.
Liu regarda Ageha dans les yeux.

" Avant de commencer, je dois te rappeler que tout ce qui sera dit tient du plus grand secret. Je fais une entorse au règlement qui est le notre en te parlant de tout ça. Je comprendrai que tu ne puisse tenir un secret aussi lourd, mais sache qu'il me faudra prendre des mesures pour que tu oublies tout ce qui s'est passé hier. "

" Pardon de t'avoir surprise. Permets-tu que je m'asseye ? Je pense qu'il faut que nous discutions de certaines "choses". "

Choses, c'était un bel euphémisme, se dit Ageha en regardant le jeune homme s'assoir en face d'elle sans attendre de réponse. En fait de choses, il avaient l'embarras du choix. Entre le paradis sous la bibliothèque, la guérison innopinée de la jambe d'Ageha, et surtout la surprenante révélation dont elle avait fait les frais, elle ne voyait pas trop par quoi ils allaient commencer. Depuis le matin, elle s'était posé énormément de questions, la plupart tirées des bouquins de fantasy qu'elle avait lu avec déléctation dans son enfance. Les deux adolescents se fixèrent en chien de faïence pendant quelques minutes, le temps que le serveur apporte la boisson de Liu, un thé, boisson qui correspondait fort bien à son image selon Ageha. Elle avait du mal à l'imaginer buvant de la Smirnoff.

" Avant de commencer, je dois te rappeler que tout ce qui sera dit tient du plus grand secret. Je fais une entorse au règlement qui est le notre en te parlant de tout ça. Je comprendrai que tu ne puisse tenir un secret aussi lourd, mais sache qu'il me faudra prendre des mesures pour que tu oublies tout ce qui s'est passé hier. "

Ageha prit son temps pour répondre, analysant la phrase de son voisin d'en face. Il avait dit: "le règlement qui est le notre". Cela supposait une communauté conséquente, bien réglée, et qui faisait clairement la distinction entre "nous" et "eux". Ensuite, il l'avait clairement menacée, même si sa phrase était extrêmement polie... On pourait traduire par "si tu parles, j'te bute!" en remplaçant la menace de mort par une menace d'effacement de la mémoire. La réponse coulait de source, donc.

-Pas de problème, je dirais rien. Mais en effet, j'aimerais des précisions. Je suis toute tourneboulée, depuis hier.

-Pas de problème, je dirais rien. Mais en effet, j'aimerais des précisions. Je suis toute tourneboulée, depuis hier.

Elle avait pris son temps pour répondre. Sans doute avait-elle hésité. Mais maintenant, le pas est franchi. Li se cala dans son siège.

" Fort bien.
Comme tu le sais, la magie, ainsi que ses pratiquants, existe. Nous formons une société au sein de la société. Il existe par ailleurs, de par le monde, des enclaves, qui peuvent prendre différentes formes, où nous menons notre existence. Il faut savoir qu'être magicien n'est pas un acquis, quelque chose que l'on obtient à la naissance, au même titre que la couleur des cheveux ou des yeux. La magie est un savoir empirique, obtenu par le travail et l'exercice, comme pourrait l'être un sport ou une leçon.
Ce qui m'amène à parler de la magie en elle-même. Il s'agit d'un fluide, une énergie, faisant partie de ce monde. Il est présent partout autour de nous. C'est en canalisant cette énergie en nous que nous parvenons ainsi à "faire de la magie". "

Liu fit une pause, et en profita pour prendre une autre gorgée de thé. Il n'était pas un grand parleur, et toutes ces paroles lui asséchait la gorge. De son coté, Ageha restait muette, et semblait digérer tout ce qu'il venait de lui dire. Liu poursuivit.

" Il ne s'agit là que d'un aperçu global de notre monde. Je pourrais en parler bien plus en détail, mais je suppose que tu as des questions à formuler, n'est-ce pas ? "

" Fort bien.
Comme tu le sais, la magie, ainsi que ses pratiquants, existe. Nous formons une société au sein de la société. Il existe par ailleurs, de par le monde, des enclaves, qui peuvent prendre différentes formes, où nous menons notre existence. Il faut savoir qu'être magicien n'est pas un acquis, quelque chose que l'on obtient à la naissance, au même titre que la couleur des cheveux ou des yeux. La magie est un savoir empirique, obtenu par le travail et l'exercice, comme pourrait l'être un sport ou une leçon.
Ce qui m'amène à parler de la magie en elle-même. Il s'agit d'un fluide, une énergie, faisant partie de ce monde. Il est présent partout autour de nous. C'est en canalisant cette énergie en nous que nous parvenons ainsi à "faire de la magie". "

Ageha digéra lentement le flot de paroles. Pour le moment, elle arrivait à suivre, même si elle avait l'impression de se retrouver dans l'un de ces bouqins de fantasy qu'elle affectionnait tant. Les paroles de Liu lui faisaient penser à un cours magistral. Celui-ci en profitait pour boire lentement une gorgée de thé. L'imitant, l'adolescente s'acrocha à sa paille comme une moule à son rocher, avec l'impression que son sorbet était la seule chose qui la rattachait au monde réel.

" Il ne s'agit là que d'un aperçu global de notre monde. Je pourrais en parler bien plus en détail, mais je suppose que tu as des questions à formuler, n'est-ce pas ? "

Elle ferma les yeux, se concentrant sur le gout sucré du chocolat et la sensation de la paille en plastique contre ses dents. Elle aurait bien aimé qu'ils continue à parler, vu qu'elle ne se sentait pas vraiment la force de réfléchir. Un flot de pensée comparable au croisement d'une tornade et d'un raz-de-marée tourbillonait dans sa tête, et elle du mobiliser toute sa concentration pour isoler une question, au hasard:

-Est-ce qu'il y a une quête, un monde à sauver, une prophétie ou un truc de ce genre? Comme dans les bouquins?

Tant qu'à faire, elle avait choisit une question idiote, pour tester la réaction de son interocuteur. Question pas si idiote que ça d'ailleurs: avant de fourer son nez dans des histoires tordues, elle préférait vérifier qu'elle ne risquait rien.

Ageha semblait quelque peu perdue. Rien de bien étonnant. Elle se ressaisit et posa sa première question.

-Est-ce qu'il y a une quête, un monde à sauver, une prophétie ou un truc de ce genre? Comme dans les bouquins?

La question amusa Liu, au point de soulever la commissure de ses lèvres. Ces bouquins ! Il en avait lu quelques uns, et cela l'amusait de voir à quel point les non-magiciens pouvaient voir de l'imagination à ce sujet.

" Rien de tout cela. Je te l'ai dit nous sommes une société. Une société n'a besoin de rien d'autre que ses membres pour justifier son existence, pas vrai ? "

-Est-ce qu'il y a une quête, un monde à sauver, une prophétie ou un truc de ce genre? Comme dans les bouquins?

À sa question incongrue, Liu répondit comme elle l'espérait, à savoir qu'il sourit. C'était pas énorme, mais par rapport au visage impassibe auquel elle avait droit d'habitude, c'était pas mal non plus... Même s'il avait l'air de se moquer un peu.

" Rien de tout cela. Je te l'ai dit nous sommes une société. Une société n'a besoin de rien d'autre que ses membres pour justifier son existence, pas vrai ?

Et pim! Ageha enfonça sa casquette un peu plus sur sa tête pour ne pas qu'il puisse voire ses yeux rieurs et répondit d'un ton aigre:

-Désolée, j'ai pas prit option économie. Et donc, vous existez, là, sur terre, et vous faites quoi de vos pouvoirs? Par-ce que, il y a des méchants partout, société ou pas, et surtout dans le cas d'une société. Ils sont où, les méchants, dans ton histoire?

Cette fois, elle avait laissé place à l'attaque, une très gentille attaque, rien de bien méchant. Juste pour voire si elle tapait juste.

-Désolée, j'ai pas prit option économie. Et donc, vous existez, là, sur terre, et vous faites quoi de vos pouvoirs? Par-ce que, il y a des méchants partout, société ou pas, et surtout dans le cas d'une société. Ils sont où, les méchants, dans ton histoire?

Hum. Très intelligente. Liu se pencha en avant et vissa son regard dans le sien.

" Nos pouvoirs sont du à un apprentissage. Comme tout ceux que tu reçois dans cette école. Et comme toi, nous nous en servons si les circonstances le demandent. Si rien n'en justifie l'usage, alors nous ne nous en servons pas. Tu pourrais me répondre qu'un footballeur a apprit à y jouer, qu'un comptable a apprit les mathématiques, et qu'ils se servent de cet apprentissage en permanence ? Laisse moi mettre les choses au clair : toute personne, magicienne ou non, se sert de ce qu'elle a apprit si elle en a besoin. Ce n'est pas parce qu'un militaire a apprit à tirer qu'il doit tirer sur tout ce qui bouge. Il en va de même pour nos pouvoirs.
- Quand à nos "méchants", comme tu dis... Quelle différence y a t'il entre un magicien qui en agresse un autre, par rapport à un délinquant qui s'en prend à un passant ? Nous avons certes quelques personnes aux intentions peu pacifiques. Mais nous avons également nos règles, nos lois, et notre police.
- Nous sommes une société. Au même titre que vous. Et indépendamment de nos pouvoirs, nous sommes strictement pareils. Humains. "

-Tu me demandes, quelle différence. La différence, c'est que si on jour je me promène dans une ruelle sombre, je préfère me faire attaquer par un crétin "normal" que par un crétin magicien, de la même manière qque je préfererais me faire attaquer par un crétin tout court que par un crétin armé. Mais laissons de côté ceci.
Hier, tu as récité une incantation. Vous avez des formules magiques? Des baguettes? Tu m'as parlé de la magie comme une force qui circule partout, mais vous réussissez à la canaliser, et j'aimerais savoir de quelle manière.

Liu apprécia qu'elle mette fin au débat. Son corps et son esprit étaient encore porteurs des séquelles de la veille, et il ne sentait ni la force, ni la patience, d'argumenter sur le Bien, le Mal, et les différences entre "normal" et "magie".
Il bu encore un peu de thé. La question qu'elle posait nécessitait une longue, longue réponse, et il convenait de la préparer.

" Connaitre l'existence de la magie n'est pas suffisant pour la pratiquer. Avant même de songer à incanter un sort, il faut parvenir à sentir cette énergie. Cela est possible par un travail d'introspection, mais également en s'ouvrant à son environnent.
Une fois que le magicien a conscience de ce flux qui l'entoure, il peut lancer des sorts en canalisant, puis modelant ce flux. Pour y arriver, il utilise un catalyseur et une incantation.
Le catalyseur peut prendre diverses formes. Les plus communes sont les baguettes et bâtons, pouvant avoir toutes tailles et toutes formes. Les accessoires peuvent aussi faire office de catalyseur "

Liu releva sa manche gauche et montra son poignet à Ageha, autour duquel se trouvait son catalyseur : une plaquette gravée, rattachée par une chaine, et assortie d'une petite croix.

" Voici mon catalyseur.
Le catalyseur permet au magicien de faciliter la canalisation de la magie. Il agit en quelque sorte comme un aimant, ou une antenne : il attire et concentre les flux de magie environnants. De nos jours, les catalyseurs sont enchantés pour pouvoir accomplir leur tache, mais dans le temps, ils obtenaient cette faculté qu'en étant imprégnés de magie continuellement. De fait, il est possible de se passer de catalyseur, mais cela demande une telle faculté de concentration et d'introspection que seuls quelques mages de grand talent en sont capable. "

Liu s'arrêta, le temps de réhydrater sa gorge en buvant un peu de thé.

" Cette énergie a besoin d'être modelée, si le magicien souhaite obtenir l'effet désiré. C'est là qu'intervient l'incantation. Elle se décompose en 3 parties : la clé, le corps, et le déclencheur.
La clé est une petite suite de mots prononcée au début de l'incantation. Elle est propre à chaque magicien, qui la choisi lui même. Elle n'intervient pas dans le processus de modelage, mais permet au magicien de faciliter l'ouverture de son esprit lors de la canalisation.
Le corps constitue l'incantation à proprement parler. C'est à ce moment que le magicien modèle l'énergie. Le corps assiste le magicien dans cette phase de modelage.
Enfin, le déclencheur, souvent le nom du sort, permet de relâcher l'énergie ainsi modelée.

L'origine des incantations se perd dans la nuit des temps. Ces mots furent utilisés au cours des siècles, au point d'être saturés de magie. Ils sont désormais si puissants qu'ils accomplissent une très large part du travail d'un magicien.
Il est possible, tout comme avec le catalyseur, de se passer d'une partie, ou de toute une incantation. Mais cela demande plusieurs mois, voire années, de travail, pour y arriver. "

" Connaitre l'existence de la magie n'est pas suffisant pour la pratiquer. Avant même de songer à incanter un sort, il faut parvenir à sentir cette énergie. Cela est possible par un travail d'introspection, mais également en s'ouvrant à son environnent.
Une fois que le magicien a conscience de ce flux qui l'entoure, il peut lancer des sorts en canalisant, puis modelant ce flux. Pour y arriver, il utilise un catalyseur et une incantation.
Le catalyseur peut prendre diverses formes. Les plus communes sont les baguettes et bâtons, pouvant avoir toutes tailles et toutes formes. Les accessoires peuvent aussi faire office de catalyseur "

Sous les yeux attentifs d'Ageha, Liu découvrit son bras gauche: à son poignet se trouvait une fine chaine, à laquelle était accrochée une plaquette, et une petite croix. Elle leva un sourcil circonspect. Etais-ce son catalyseur? La réponse lui fut très vite donnée.

" Voici mon catalyseur.
Le catalyseur permet au magicien de faciliter la canalisation de la magie. Il agit en quelque sorte comme un aimant, ou une antenne : il attire et concentre les flux de magie environnants. De nos jours, les catalyseurs sont enchantés pour pouvoir accomplir leur tache, mais dans le temps, ils obtenaient cette faculté qu'en étant imprégnés de magie continuellement. De fait, il est possible de se passer de catalyseur, mais cela demande une telle faculté de concentration et d'introspection que seuls quelques mages de grand talent en sont capable. "

Elle ne dit rien, reconnaissante qu'il prenne son temps pour boire: elle était un peu perdue, et dut se répéter les dernières phrases pour comprendre.

" Cette énergie a besoin d'être modelée, si le magicien souhaite obtenir l'effet désiré. C'est là qu'intervient l'incantation. Elle se décompose en 3 parties : la clé, le corps, et le déclencheur.
La clé est une petite suite de mots prononcée au début de l'incantation. Elle est propre à chaque magicien, qui la choisi lui même. Elle n'intervient pas dans le processus de modelage, mais permet au magicien de faciliter l'ouverture de son esprit lors de la canalisation.
Le corps constitue l'incantation à proprement parler. C'est à ce moment que le magicien modèle l'énergie. Le corps assiste le magicien dans cette phase de modelage.
Enfin, le déclencheur, souvent le nom du sort, permet de relâcher l'énergie ainsi modelée.

L'origine des incantations se perd dans la nuit des temps. Ces mots furent utilisés au cours des siècles, au point d'être saturés de magie. Ils sont désormais si puissants qu'ils accomplissent une très large part du travail d'un magicien.
Il est possible, tout comme avec le catalyseur, de se passer d'une partie, ou de toute une incantation. Mais cela demande plusieurs mois, voire années, de travail, pour y arriver. "

Voilà, elle avait sa réponse. Mais ne se sentait pas plus éclairée. Elle s'adossa à sa chaise pour réfléchir à son aise. Il fallait qu'elle synthétise tout cela, ou elle n'allait rien y comprendre. Ce travail de réflexion lui prit plusieurs minutes, pendant lesquelles sa deuxième cigarette acheva de se consumer, ce à quoi elle ne préta aucune attention. Elle en alluma tout de même une troisième.

De ses reflexions, elle parvint à tirer trois axes: Premièrement, l'importance de l'introspection. Ca, cela avait tendance à la rassurer. Pour se connaître, il faut avoir le courage de plonger au coeur de son âme et d'apprendre ses défauts. Cela demande également une certaine dose de capacité de reflexion. Au moins, cela lui apprenait qu'il n'y avait pas de magicien idiot.

Deuxièmement, le pouvoir des mots. Cette deuxième partie lui posa plus de reflexion. Pourquoi les magiciens ont-il le besoin d'exprimer leur pouvoir par des mots? La réponse lui vint néanmoins assez vite: pour apprivoiser une énergie pareille, pour la plier à sa volonté, il fallait sûrement faire preuve d'une bonne puissance de volonté. Tant que tout est dans la tête, on est pas sur de soi. Quand on prononce les mots, ce qui est fait est fait.

Enfin, tout ce que lui racontait Liu lui apprenait que la magie était quelque chose de très ancien. Il ressortait également que les magiciens d'aujourd'hui étaient peut-être moins puissants que les tout premiers, puisque ceux-ci devaient abreuver en permanence leur catalyseurs de magie, et n'avaient pas la moitié du travail déjà fait par des mots imprégnés de cette même magie.

Ces reflexions faites, elle les exprima à Liu, et ajouta: "j'ai tout faux, ou je me suis trompée quelque part? Il est possible que je n'ai pas tout compris, ça va tellement vite..."

Ageha resta silencieuse plusieurs minutes, le temps de digérer tout ce que Liu venait de lui dire. Il profita de ce répit, tant parler n'était pas un exercice courant pour lui. Son interlocutrice finit par lui annoncer 3 axes de réflexions sur ce qu'il avait dit, avant de conclure.

"j'ai tout faux, ou je me suis trompée quelque part? Il est possible que je n'ai pas tout compris, ça va tellement vite..."

Ça, c'est sur qu'il y en aurait pour un moment pour assimiler tout ces concepts.

" L'introspection sert en partie à ce que tu vient de décrire, mais également à pendre conscience de son potentiel magique.
Tu as également raison sur les incantations.
En revanche, pour ce que j'en sais, les magiciens d'autrefois n'étaient pas spécialement plus puissants que ceux d'aujourd'hui. Mais à l'inverse, la pratique était plus dure, car catalyseurs et incantations étaient moins puissantes qu'aujourd'hui. De fait, il y avait quelques grands mages, qui avaient su dompter leur force mentale, et le reste était composé de magiciens aux aptitudes peu développées. Ce qui a changé, c'est que désormais, on compte plus de magiciens de niveau intermédiaire qu'avant. "

-ça me va. Et sinon, vous vous servez pour quoi, de vos pouvoirs? Je veux dire, est-ce qu'il y a une formule magique pour lacer ses chaussures, ou c'est que des sorts de combat ou de guérison?


" Bien, nous avons une branche de magie destinée à un usage offensif. C'est d'ailleurs ce qui est le plus représentatif, j'imagine...
Mais le champ d'application de la magie ne connait que ton imagination et ta créativité comme limites. "

Ce faisant, Liu se surprit à se demander quelle magicienne pourrait devenir Ageha...
Et serait-il alors son tuteur ?

" Bien, nous avons une branche de magie destinée à un usage offensif. C'est d'ailleurs ce qui est le plus représentatif, j'imagine...
Mais le champ d'application de la magie ne connait que ton imagination et ta créativité comme limites. "

Imagination, créativité... Ces mots plaisaient bien à Ageha.

-En fait, c'est un espèce d'art, la magie...

Elle repensa tout d'un coup à l'épée qui l'attendait, bien cachée, dans sa chambre.

-Oh, Liu! Je crois que je t'en ai déjà parlé la dernière fois, mais j'ai déjà vu de la magie à l'oeuvre. Quand j'étais petite, je suis tombée sur ce qui ressemblait à une dague un peu longue, avec des pierres rouges. Je l'ai prise (les lames m'ont toujours à la fois fascinée et mise mal à l'aise) et au moment où je l'ai eu bien en main, elle a totalement changée d'apparence sous mes yeux. Ce serait difficile de te la décrire maintenant, mais disons que c'est comme si elle s'était adaptée à mon bras. Le plus étonnant, c'est que pendant cette transformation, un tatouage bizarre en forme de flamme s'est imprimé dans mon dos, et j'ai jamais réussis à l'enlever, un peu comme si cette foutue épée m'avait marquée... T'as déjà entendu parler d'un truc de ce genre?

-En fait, c'est un espèce d'art, la magie...

Oh, Liu! Je crois que je t'en ai déjà parlé la dernière fois, mais j'ai déjà vu de la magie à l'oeuvre. Quand j'étais petite, je suis tombée sur ce qui ressemblait à une dague un peu longue, avec des pierres rouges. Je l'ai prise (les lames m'ont toujours à la fois fascinée et mise mal à l'aise) et au moment où je l'ai eu bien en main, elle a totalement changée d'apparence sous mes yeux. Ce serait difficile de te la décrire maintenant, mais disons que c'est comme si elle s'était adaptée à mon bras. Le plus étonnant, c'est que pendant cette transformation, un tatouage bizarre en forme de flamme s'est imprimé dans mon dos, et j'ai jamais réussis à l'enlever, un peu comme si cette foutue épée m'avait marquée... T'as déjà entendu parler d'un truc de ce genre?

Liu, qui buvait son thé, failli s'étouffer en entendant ce que lui révélait Ageha.

" Hum...

Je me souviens que tu l'avais évoqué, et je pensais t'en demander plus. Mais ce que tu dis là dépasse mes craintes.
J'ignore encore le pourquoi et le comment, mais tu es entrée en contact avec un artefact, lequel t'a reconnu comme maitre, du moins je suppose, d'après ce que tu me dis. Mais il me faudrait examiner l'objet pour pouvoir t'en dire plus. "

-Tes... craintes? C'est dangereux?

Ageha ne se sentait pas rassurée, et ce n'est pas Liu qui allait la blâmer.

" En toute franchise, il n'y a pas de preuves concrètes d'un quelconque danger. Mais le fait qu'un artefact te reconnaisse comme son maitre n'est pas chose commune, surtout qu'on ne sait pas quel est cet artefact, et qu'hier encore, tu ne savais rien de la magie.
Une situation de ce genre aurait pu entrainer des complications - pas nécessairement graves ou dramatiques, je te rassure. "

Ageha avait les yeux brillants, surement d'espoir, ou plus vraisemblablement d’excitation.
Liu attendait cette question, autant qu'il l'appréhendait. Pas qu'il pensait qu'initier Ageha était un problème, mais il aurait toutes les chances d'être alors son mentor. Or, s'il n'était pas mauvais, il avait déjà suffisamment à faire avec son entrainement sans avoir à s'occuper de former quelqu'un.

Liu regarda Ageha. Clairement, elle voulait apprendre la magie. Il eu soudain l'impression de se voir, alors que cet étrange homme qui deviendrait alors son mentor lui proposait ce qu'Ageha espérait. Il se rendit compte que son silence avait duré plusieurs secondes.

" Oui "

" Oui "

Ageha se jeta en arrière, contre son dossier, et offrit son plus beau sourire à Liu. Alors comme ça, elle, Ageha, pourait devenir une magicienne! Quelle revanche sur la vie! Elle avait un peu de mal à y croire, mais puisque c'était un magicien qui le lui affirmait... Elle allait ajouter quelques chose, quand elle fut soudain prise d'un violent vertige qui faillit lui faire cogner la tête contre la table. Au même instant, elle sentit une douleur bien connue dans sa poitrine. Inquiète, elle se composa une figure enthousiaste.

-Ouais, c'est gentil de dire ça! Mais c'est pas tout, je suis pressée, je dois y aller. Joignant le geste à la parole, elle se leva, jeta un billet sur la table et prit sa troisième cigarette, tirant dessus en priant pour que la nicotine retarde le malaise à venir. À un de ces jours, Liu.

À sa réponse, Ageha eu un sourire comme Liu n'en avait jamais vu. S'il devait le décrire, il parlerait surement de la douce chaleur d'un soleil printanier...
Liu plaça sa main sur son visage : ce n'était pas la première fois qu'il voyait quelqu'un lui sourire, mais celui-ci spécialement lui faisait un effet qu'il n'avait jamais ressenti auparavant. La sensation dans son cerveau occulta un temps ses pensées, et pour une fraction de seconde, il n'y resta plus le visage de son interlocutrice.

-Ouais, c'est gentil de dire ça! Mais c'est pas tout, je suis pressée, je dois y aller. À un de ces jours, Liu.

Ageha avait flanché. Même si elle faisait des efforts pour le cacher, Liu voyait qu'il y avait quelque chose qui n'allait pas. Il en eu la confirmation quand elle vacilla en se levant, puis quand elle commença à s'en aller d'un pas hésitant. L'imitant, il posa un billet sur la table, puis la rattrapa et lui plaça une main sur l'épaule.

" Es-tu sure que tout va bien ? Tu m'as l'air mal en forme. "

Mais qu'est-ce qui lui arrivait ? C'était légitime de s'en faire pour quelqu'un, mais pourquoi se sentait il tant inquiet ?

Ageha sentit la main de Liu se poser sur son épaule, et ferma les yeux, dépitée. Elle n'avait pas été assez convaincante, et allait devoir devoir lui expliquer. Mais après tout, elle lui devait bien ça...

" Es-tu sure que tout va bien ? Tu m'as l'air mal en forme. "

Ah oui, elle n'était pas en forme. Bonne observation Liu! Bravo! Elle se fustigea interieurement. Ce n'était pas parce-qu'elle était mal qu'elle devait être désagréable, même en pensée. Décidée, elle se retourna, un peu brusquement il fallait bien le dire.

-Excuse-moi. De toute manière, ce n'est pas vraiment un secret. Pour faire simple, on va dire que je suis sortie en ville aujourd'hui pour acheter de la drogue, et là j'en ai vraiment besoin.

Balancer tout cash et attendre la réaction de son interlocuteur, ce n'était pas très fin, mais de manière générale Ageha ne brillait pas pour son tact... Au mieux, il lui dirait qu'il s'en foutait, et ils resterait bons amis. Au pire, il la mépriserait, et elle retournerait à sa solitude, ce qui n'était pas si mal après tout!

-Excuse-moi. De toute manière, ce n'est pas vraiment un secret. Pour faire simple, on va dire que je suis sortie en ville aujourd'hui pour acheter de la drogue, et là j'en ai vraiment besoin.

Pour être franc, Liu s'était toujours douté qu'il y avait quelque chose dans le genre. Ses émotions étaient partagées : d'un coté, il lui reconnaissait le droit de faire ce qu'elle voulait, mais d'un autre coté, il était attristé de la voir dans un tel état. Ce qui était d'ailleurs nouveau pour lui.
Liu se remémora ce qu'il avait vu, lorsqu'il lui avait soigné la jambe. Tout comme lui, Ageha n'avait pas du avoir une enfance rose. De ce point de vue, ça légitimait son comportement.

Il hésita encore un peu, puis lâcha son épaule.

" Va. Nous continuerons de discuter une autre fois. "

[fin du RP?]