Pour une fois que y a un moment de détente ...

Ahhh ... A présent, voilà combien de temps depuis le jour où ce secret à été découvert par une non-mage ? Au moins ... Une journée ... Non, peut-être même deux ... En fait, dans la tête de Chitose, c'était un peu flou. Elle a un peu oublié le temps que ça a passé, peut-être était-ce hier, ou bien avant-hier. Mais en tout cas, c'était pas y a trois jours ... ça non.

Depuis cette journée à l'île-bibliothèque, il faut dire que l'albinos a été plus que hyperactive. Elle était devenue ... une espèce de tornade. Elle ne passait plus vraiment son temps à des petites frappes avec d'autres racailles. Non. Elle était plus dans le Gymnase, à faire du basket. Pendant les cours, elle écoutait - chose qui étonna grandement les professeurs et qui se demandaient bien ce qui s'était passé dans la tête de l'élève, ou bien si il étaient en train de rêver, à voir les yeux rouge sang de la fille posés sur le tableau.

Bien sûr, chaque chose à une fin. Il ne lui fallut pas de temps pour reprendre ses habitudes déprimantes, à cause d'une pauvre fille qui lui a demandé - enfin, ordonné aurait été un meilleur mot - un briquet, pour allumer sa clope. Le truc, c'est que la réponse de la lycéenne n'était pas positive.

« - Va voir ailleurs si j'y suis. J'ai pas besoin de briquet. Et puis j'fume pas, d'abord. Pigé ? Alors la prochaine fois, vient pas me voir. »

Et la guerre a été annoncée, mais rapidement achevée - le narrateur ne souhaite pas détailler sur cet instant-là, mais vous pouvez être sûrs(es) et certains(nes) que l'albinos a gagné la bataille, et ce, d'une manière très néfaste.

Enfin. Aujourd'hui, il n'y avait rien de fâcheux, pour la magicienne de feu - simplement une petite histoire de craie en plein front après une bonne demie-heure de sommeil, les bras croisés sur la table et la tête posée dessus, qui a été malheureusement annoncée au professeur par un élève modèle ( et qui suite au sermon de l'enseignant et à son plus grand malheur, n'a pas duré très longtemps et a été enfermé dans le placard à balais au fond de la salle ) -, c'est pourquoi Chitose en profita pour aller manger sur le toit.

Etant donné qu'être dans le réfectoire lui pose toujours problème, elle y va toujours en piquant un sprint juste au début de la pause, afin de se prendre un sandwich et de s'isoler quelque part. D'habitude, c'est dans un couloir peu fréquenté ou sur un arbre de la petite cour. Mais là, elle voulait changer un peu. Voilà pourquoi elle est sur le toit. De plus, c'est bien plus silencieux et sain que en bas.

L'albinos bâilla, tout en ouvrant le paquet de son sandwich.

« - Pour une fois que je suis tranquille ... » dit-elle d'une voix avec une légère sonorité heureuse.

Légère sonorité qui continua jusqu'à un soupir de soulagement, avant de se transformer en " Huh ? " grave, en entendant la porte du toit s'ouvrir.

[Pavé~ Parce que je le vaux bien.]

Yukio sortait de la salle des professeurs. Arrivée récemment et nommée professeur de mathématiques, il lui avait fallu se soumettre aux traditions de bienvenue. Les plaisanteries des élèves, les tournées d'intronisation dans les bars, les questions incessantes, ... Yukio a de la patience, mais sentait qu'elle commençait à flancher. Cela faisait 1 semaine qu'elle avait mit les pieds à Mahora, 10 jours depuis qu'elle avait reçu ses ordres, mais depuis, c'était le silence complet. Faute de mieux, Yukio jouait donc son rôle de prof.

Ce midi, justement, elle avait décidé de s'offrir une pause, et d'aller manger son repas à l'air libre, et quoi de mieux que le toit ? Elle avait donc attrapé sa sacoche, tout en s'assurant que son katana y était. Elle ne s'en séparait jamais, pour la raison qu'il était trop risqué de le laisser trainer n'importe où. Enfin, c'était là la raison officielle. En réalité, elle est quand même censée être en mission, et on ne se sépare pas de son arme en pleine mission ! Et de toute façon, elle ne séparerait de son katana pour rien au monde.

Enfin arrivée sur le toit, Yukio poussa la porte et aspira un bon bol d'air frais, avant de se retourner suite à une injonction de surprise venant d'un coin du toit. Elle y avisa une fille albinos, qui la dévisageait.
Elle connaissait cette fille : il s'agissait de Toshino Chitose. Yukio n'avait pas vraiment eu affaire avec elle, vu qu'elle séchait quasiment tout ses cours, mais elle se trouvait être dans la classe dont Yukio était responsable. Ele avait lu son dossier et constaté qu'elle était fameuse à la fois pour son manque d'acuité en cours (quel doux euphémisme...) et pour des problèmes de discipline. Yukio avait envisagé la convoquer, mais pour le moment, elle ne se sentait pas le cœur à ruiner un instant de détente, et préféra remettre les sermons à plus tard.

" Bonjour. Tu t'appelles bien Toshino Chitose, classe B ? Je suis ta nouvelle responsable de classe, Onoki Yukio. Ne te dérange pas pour moi, comme toi je suis venue profiter de l'air frais. "

La jeune fille n'était pas encline à la discussion. Yukio la sentait mal à l'aise. Sans doute craignait-elle que sa prof lui fasse une remarque concernant ses difficultés.
Yukio s'installa face à Chitose, à quelques mètres. Se laissant glisser en position seiza, elle sortit une boite-repas et des baguettes, et commença à déjeuner. Elle jetait de temps à autre des coups d’œil à son vis-à-vis, qui ne manifestait aucune volonté de discuter. Yukio prit sur elle de briser la glace.

" Dis-moi, Chitose, pourrais tu me dire ce que tu penses des études ? D'un point de vue général, plus précisément ? "

" - J'pense que ça sert pas à grand-chose, voilà tout. Y a que les langues et le sport qui puisse vraiment compter ... "

Une réponse originale. D'ordinaire, un élève peu porté sur les études, comme Chitose, ne ferait pas de distinctions, à l’exception du sport. Yukio avait beau chercher, elle ne voyait pas ce que les langues pouvaient avoir de si particulier pour que la jeune fille s'y intéresse, elle qui rejetait les études en bloc.

" - Au fait, j'peux savoir d'où vous venez ? "

Cette fameuse question... Yukio y avait répondu au moins une centaine de fois, et pas toujours à des personnes différentes... Elle garda un air serein : la réponse est délicate...

" Je suis originaire du nord du Japon, dans un petit village. C'est mon gout pour les études qui m'a amené à m'approcher de plus en plus de la capitale. Puis j'ai eu envie de partager cette passion, et j'ai ainsi été nommée comme professeur dans cette académie. On peut dire que je suis à l'essai, en fait. "

Yukio afficha un sourire pendant qu'elle parlait. À part pour ses origines, tout était un tissu de mensonges. Mais comment voulez-vous expliquer à une adolescente que vous êtes militaire, membre d'unité spéciale, et en mission sur le campus ? Sans compter son katana : Yukio a clairement vu que Chitose l'avait remarqué, et qu'elle trouvait l'objet suspect...

" Faites de votre mieux, c'est pas facile à recadrer, les élèves de Mahora. Ca fait des années que j'y suis et franchement, j'peux vous l'dire : y a de tout. Mais quand j'dis de tout, c'est vrai. Vous pouvez me croire, car, même si y a des rumeurs qui racontent que j'suis une sale menteuse, j'dis très souvent la vérité. C'est juste qu'ils veulent pas accepter que j'suis une vilaine fille qui ment jamais~ "

Il y a de tout... L'instinct de Yukio lui avait déjà soufflé qu'une partie des personnes qui l'entouraient n'étaient pas vraiment ce qu'elles disaient être... Quand au fait que les élèves de Mahora n'étaient pas faciles à recadrer, ça elle voulait bien le croire : elle avait eu vent de pas mal de dérives en tout genre (rivalités entre clubs d'arts martiaux, en particulier). Sans compter le spécimen qui lui faisait face.
Yukio aurait aimé discuter d'avantage, mais fut rappelée à la réalité par un son bien connu : la cloche du lycée. Elle ramassa prestement ses affaires, se mit debout et réajusta sa jupe. Puis se tourna vers Chitose.

" Au fait, je crois que tes prochains cours sont les mathématiques, n'est-ce pas ? Puis-je te demander de me suivre ? "

À voir la tête de la jeune fille, la proposition ne lui convenait guère.

- Exact, mais je ne comprends rien aux maths, alors ... Je refuse ?

Yukio eu un sourire sadique. Celui qu'elle réservait aux tire-aux-flancs lorsqu'elle s'occupait de la formations des recrues.

" Désolée, mais c'était une question rhétorique. Si tu préfères, une question purement pour la forme, le choix ne t'était pas donné. Allons, jeune fille, debout et en route ! "

Comme Chitose mettait du temps à ce préparer (volontairement ?), Yukio attrapa son sac ainsi que son poignet, et l'entraina à sa suite. La jeune fille ne mettait aucune bonne volonté à la suivre, aussi Yukio stoppa au coin d'un couloir, se retourna et, sans faire disparaitre son sourire, laissa filtrer son aura. Voila qu'elle retrouvait ses réflexes de quand elle était sur le terrain, au cœur de l'action...

" En tant que professeur, je peux sérieusement te compliquer la vie en t'imposant plusieurs heures de colle, surtout que je suis ton prof principal, et que tu as énormément d'absences. Cette fois je te laisse le choix : venir assister à ce cours, ou ne pas venir ? "

Chitose sentit un frisson lui parcourir le corps. La prof' venait d'arborer un sourire sadique, ce qui était contraste à son comportement quelques minutes plus tôt. Elle semblait être l'une de ces personnes qui était à première vue calme et posée mais qui peut être terriblement effrayant. Enfin, un peu moins pour la lycéenne. La seule chose qui pouvait lui faire peur, c'était une chose magique ... Pas une humaine - parce que oui, Chitose exagère un peu, beaucoup même sur les différences entre mages et humains normaux.

L'institutrice expliqua quelque chose à l'albinos, tandis que celle-ci n'écoutait pas. En fait, elle faisait la sourde oreille. Mais son petit jeu s'arrêta très rapidement lorsque la plus âgée pris son sac.

- Hey, touchez pas à ça !

Et suivit de son poignet.

- Et lâchez moi, aussi !!

Mais elle ne se faisait pas entendre. Yukio la tirait ensuite à l'intérieur du bâtiment. Chitose ne pouvait pas faire grand chose ; pour une prof' de maths, elle avait énormément de force, bien plus que la lycéenne, qui, de son côté, ne pouvait rien faire d'autre que tenter de partir dans la direction opposée, en vain, car, même si elle forçait l'enseignante d'utiliser plus de force, elle en avait moins, et traînait lentement dans la direction voulue par l'adulte.

Au bout d'un couloir, Yukio finit par s'arrêter. Chitose eut failli pousser un soupir de soulagement, ayant pensé qu'elle allait laisser tomber et la laisser faire ce qu'elle voulait. Mais ça aurait été trop facile. Finalement, la prof' avait décidé de lui faire un sermon imposant. Elle n'avait pas faux. Recevoir des dizaines d'heures de colle, ce n'était pas très agréable. De plus, elle pourrait aussi essayer de faire en sorte que le proviseur la renvoie ... ou la rétrograde ?

L'expression de Chitose affichait des sentiments encore plus mélangés. Elle était irritée, tout d'abord, ça oui. On pourrait même dire énervée, car l'enseignante la provoquait - sans qu'elle le veuille ? - et l'albinos aurait bien voulu lui en coller une. Mais aussi, elle était légèrement tendue. Agir comme ça, face à un prof', c'était risqué. Pour sa vie d'étudiante. Qui sait si elle allait se prendre un truc de la part de ses parents qui l'empêcherait de faire ce qu'elle rêve.
En quelques instants, la lycéenne mit en marche ses méninges à pleine puissance. Elle ne mit pas longtemps pour satisfaire sa soif de " vengeance " envers l'institutrice.
Mais déjà, pour son idée, il fallait tout d'abord qu'elle se laisse faire. Quitte à aller au cours de maths si il faut ... De toute façon, elle pourrait très bien roupiller en cours et faire comme d'habitude pour les examens - c'est à dire apprendre à la dernière minute, jeter des regards furtifs sur une copie pas loin ou sortir le fameux crayon-dé.

- Très bien ... fit-elle d'une voix ennuyée. J'suis bien obligée, sinon vous m'auriez à nouveau traînée par le bras ou fait des sermons bien plus à rallonge.

- Très bien ... J'suis bien obligée, sinon vous m'auriez à nouveau traînée par le bras ou fait des sermons bien plus à rallonge.[/list] [/quote]

Yukio sentait Chitose résignée à son sort. Elle soupira. Il lui faudrait clarifier la situation à a jeune fille.

" Je ne veux pas te forcer ou te sermonner, mais en tant que prof, qui plus est ton prof principal, il est de mon devoir de veiller à ce que tu suives les cours correctement. "

Yukio regarda Chitose. La jeune fille ne semblait pas convaincue. Yukio reprit :

" Écoute, peux tu me faire une faveur ? Assiste à mon cours, et viens me voir après. J'aimerais discuter d'avantage avec toi. Je m'expliquerai également avec l'enseignant du cours suivant. Veux-tu bien faire comme ça ? "

[suite section "salle de cours"]