Pause Clope [libre]

Ageha sortit de sa salle de cours en râlant, comme d'habitude. Les fonctions polynômes du second degré, késako? Elle comprennait tellement rien que s'en était comique. Elle avait passé l'heure à dessiner d'un air absent, passant de temps en temps la main sur la bosse que faisait son paquet de cigarettes sur sa veste. Quand la cloche avait sonnée, elle s'était précipitée dehors, sans attendre que le professeur de math donne les devoirs.


Cette école était vraiment immense, et Ageha avait failli s'y perdre à peu-près un demi-millions de fois. Mais il y avait des avantages à un batiment aussi vaste: si on décidait de sécher un cours, de français par exemple, personne ne saurait où vous chercher.

Ageha se dirigea résolument vers un petit escalier sur le côté, en apparence bien bannal, mais elle savait qu'il menait à l'endroit idéal pour faire ce qu'elle s'apprêtait à faire. Elle bondit sur la première marche, s'élança sur les autres, et déboucha soudain à l'air libre. Quel bonheur!

Souriante, elle sortit le petit paquet, s'assit et commença: une pincée de tabac dans le papier transparent, le rouler, mettre le filtre en place, humecter le bord, replier le tout, et voilà le résultat! Ageha sortit de sa poche un petit briquet argenté et alluma la cigarette qu'elle venait de confectionner.

Elle se releva et tira la première bouffée. Depuis qu'elle était dans cette fichu école, il devenait de plus en plus dur de se procurer des substances illicites, et elle était vraiment en manque. Qu'on ne vienne pas s'étonner de sa mauvaise humeur! La jeune fille inspira encore plusieurs fois, admirant le paysage, quand elle entendit quelqu'un monter l'escalier. Elle sursauta: pourvu que ce ne soit pas un prof!

Le cours avait enfin fini par se terminer, soupirant dans un geste très élégant pour une fille, je sortais de la salle, mon sac avec moi et surtout mes poignards étaient dedans. On s'en doute bien sinon je m'en fichait royalement de mes cours ! Complètement abrutie par les longues tirades de ces profs barbants, je descendis les marches pour me retrouver devant la grande allée de cerisiers de l'école, en face de moi le portail fermé qui n'attendait que moi pour l'escalader, sur ma droite une partie de la grande académie, derrière moi, le bâtiment dont je venais de sortir et qui me donnait seulement envie de m'en échapper comme une prisonnière qui s'évade; et enfin à ma gauche une partie que j'appelais "inexploration". Je me mettais à l'anglais depuis que j'étais rentrée dans cette Académie, il faudrais que j'aille bientôt consulter, ça devenait grave. Enfin quoique, l'anglais était tout de même mieux que l'heure de maths que je venais de subir. Je m'explique, on vient de commencer les fonctions polynômes du second degré et je connaissais pour avoir souvent fouillé dans le sac de mes aînées à l'orphelinat en Amérique. C'était d'une simplicité enfantine mais il y avait toujours quelques glands pour dire j'ai pas compris après avoir parlé toute l'heure; mais quels boulets ! J'avais écrit quelques textos à des potes d'Amérique et avait finie par écrire pour faire croire au prof que je travaillais pour ne pas me faire interroger.

Mon petit coin que je nommais par un nom d'anglais-je vais éviter de le dire plusieurs fois c'est mauvais pour ma santé- m'attira et je me mit lentement en marche vers là-bas prenant au passage une barre de céréales au chocolat dans mon sac. La première bouchée éveilla mes papilles qui ordonèrent à mon ventre de crier famine. J'enfilais la barre et jetais le papier dans une poubelle en marchant, la bouche encore pleine, les joues gonflées comme un hamster et bien sûr on applaudit fort : ma queue s'était défaite -quoi ? c'est pas important ? Bien sûr que si, si jamais je venais à me tailler les cheveux en dégainant un poignard, ce serait affreux !-, mes cheveux bataillaient désormais pour sortir de mon ruban écarlate. D'un coup sec, je tirais dessus et le noeud céda, d'un second coup, je le rattachais grosièrement autour de mon poignet en bracelet de soie, et secouais la tête telle une lionne pour m'arranger cette chevelure de feu.

M'arrêtant devant des escaliers, je humais l'air qui embaumait la cigarette, cette odeur qui aura tôt fait de vous putréfier les poumons, Beurk ! Je m'engageais à contre coeur là-haut poussé par un instinct que je ne pourrais vraisemblablement décrire. L'air sentait de plus en plus la cigarette et je devrais me résoudre à finir mon apnée à moins de vouloir devenir bleu ce qui -d'après quelques conseils de mode de camarade de classe- ne m'irait pas du tout. Bon certes, personnellement que je devienne bleue comme une bouée canard , ça m'étais un peu égal mais la conséquence associée -à savoir l'asphixie- était moins charmante que le couleur le laissait prévoir. Jouant mes dernières cartes, je respirais l'air horible autour de moi montant les dernières marches. A ma grande surprise, je vis quelqu'un -je vous avoue que je pensais que c'était le toit qui fumait une clope, non mais vous me prenez pour qui bien sûr que non je n'étais pas surprise !- ou plutôt une jeune fille de ma classe, clope en main, fumée qui s'échappait de sa bouche en un chose informe et pestillentielle. Je m'avançais et elle sursauta -j'aime faire un petit effet quand j'arrive-, je lui souris en arrivant devant elle :

-Salut, entamais-je d'un sourire plus que forcé.

Les rencontres où je devais faire le premier étaient plutôt rares, soit on venait vers moi, soit je restais seule mais cette fille avait, pour une raison que je ne connais même pas- attisée ma curiosité de délinquante. Un potentiel aux armes à feu ou blanches, peut-être bien mais après tout elle avait quelques chose de moins banal que les autres, de plus interressant.

Ageha vit une jeune fille, qui était avec elle en classe (Miu, si elle se souvenait bien), sortir de l'escalier. Dans la pleine lumière du soleil, elle fut frappée par la couleur de ses cheveux. Beau, vraiment beau.

Elle ricanna interieurement en la voyant froncer le nez. Elle n'aimait pas la fumée de cigarette? Normale, celle-là était une cigarette "spéciale", avec quelques ingredients ajoutés, donc forcement l'odeur était un peu plus forte.

-Salut!

C'était plus que concis, pensa Ageha. Elle aurait bien aimé rester un peu plus longtemps seule, ça lui arrivait de plus en plus rarement maintenant qu'elle était ici. Mais bon, elle était quand même soulagée que ce ne soit pas un prof qui ai débarqué - après tout, elle n'était pas sûre qu'on ai le droit de fumer, ici. Soyons polis, pensa-t-elle.

-Bonjour, heu... Miu! Toi aussi, tu sèches le français?

Sans s'en rendre en compte, en parlant elle avait soufflé une bouffée de fumée d'un gris douteux, qui vint au visage de Miu, la pauvre!

La jeune fille me dévisagea un instant toujours sa clope à la main. Je me calais contre un mur près d'elle. Elle me suivit du regard et me répondit poliment mais son ton trahissait autre chose qui ne restera pour moi quelque chose de trop abstrait :

-Bonjour, heu... Miu! Toi aussi, tu sèches le français?

Quelle idée, j'étais peut-être une ex-délinquante toujours en activité la nuit, mais je ne séchais pas les cours ! Surtout le français, c'était tellement intéressant -ironique bien sûr, quand le français sera sympa, je pourrais fuguer de chez moi-. Je jetais mon sac à mes pieds qui s'écrasa à ma droite. Et la regardais dans les yeux puis je la toisais rapidement et une nuée de fumée m'arriva dessus. Je toussais et soupirais, exaspérant ! Je détestais la fumée de cigarette mais alors dans le tête, franchement génial. On m'avait déjà assez saoulé avec la clope en Amérique dans ma bande mais là que j'avais réussi à me sevrer des drogues alentours, il fallais en plus que je me retrouve avec une fumeuse inconsciente dans la classe. Bon, certes j'ai rien contre les fumeurs, ils sont souvent sympas, enfin je parle des lycéens fumeurs, les adultes qui fument sont tous des c*ns ! Je me décidais à lui répondre pour ne pas partir dans mes souvenirs américains gravés en moi dans une dalle de marbre.

-Non, c'est la récré, t'es nouvelle donc tu dois pas connaitre les horaires, ils sont affichés dans ton carnet ou chez le concierge.

Je regardais ma montre à cristaux liquides -trop dur les aiguilles de nos jours, ça demande trop d'effort de lire les aiguilles- encore 8 minutes, largement suffisant pour ce que j'avais à faire. Je m'avançais vers la barrière et me posais dessus regardant les autres en bas. Tout ces gens me donnait envie de vomir, comment pouvaient-ils se sentir bien ? Je n'y arrivais pas et je n'en étais pas jalouse, qu'ils aillent voir leurs parents ! Bon oui, j'étais jalouse mais quand bien même, je ne voulais que prendre mon sabre et faire quelques mouvements. Malheureusement je n'avais qu'un opinel et un couteau suisse sur moi et quelques poignards de pacotille, mes vrais avaient du trouver refuge dans mes fourreaux. Je regardais la jeune fille, Ageha, ou quelque chose comme ça, elle s'était elle aussi un peu évadée de ce lycée. Je n'étais pas sûr que l'on puisse fumer dans cette Académie et c'était une de ces choses qui me manquait par rapport à l'Académie Impériale. Bon Hainé-san et l'Empereur me manquaient aussi, mais je n'avais jamais vraiment pu tisser des liens avec eux. Hainé était le seule à savoir que j'étais une délinquante la nuit, elle m'avait conseillé sa bande mais c'étais secret défence et je n'avais pas eu le temps d'aller les trouver pour les intégrer. Regardant Ageha fumait, avait un peu pour moi un geste relaxant allez savoir pourquoi ! Je ne savais ce qui m'avait amenée à elle mais demain n'était pas encore écrit et je le changerais si il ne me plait pas.

[ toi, tu lis "the gentleman alliance cross! ^^ ]

-Non, c'est la récré, t'es nouvelle donc tu dois pas connaitre les horaires, ils sont affichés dans ton carnet ou chez le concierge.

Ageha regarda Miu d'un air légerement étonné. Ah bon, la recré? Tant mieux après tout, elle était tellement bien sur ce toit, elle allait quand même sécher le français. Il commençait à faire beau, autant en profiter! Ageha adorait le soleil, la lumière, et l'été en général. L'hiver la déprimait complètement. Elle tira joyeusement une dernière bouffée, avant de jeter le petit cylindre de papier et de l'écraser avec son talon. Miu était accoudée à la barrière, et regardait les élèves en bas. Elle avait l'air perdu dans ses pensées.

La jeune fille blonde se rapprocha de la rouquine pour lui parler:

-Et sinon, heu... Tu sais s'il y a des choses intéressantes, dans ce lycée? Genre, bars, ou une rave, ou juste un endroit où se réunir le soir?

[Ouais, et j'ai tous les tomes et je m'en étais inspiré pour ma prez.]

Ageha écrasa son petit rouleau pestillentiel et s'approcha doucement de moi. Bon sang ! mais c'est moi qui étais venue de mon plein gré et maintenant, je n'avais qu'une envie : partir. Niveau sociabilité, j'étais au zéro absolu, si ce n'est à moins l'infini. Le printemps arrivait à grands pas, dans quelques jours, ce serait l'équinoxe de printemps, que j'irais voir seule, comme chaque année depuis que je suis au Japon. Quelques semaines plus tard arriverait, le changement d'uniforme et la comptenplation des cerisiers en fleurs. C'était ma période préférée, je trouvais les cerisiers magnifiques mais voir les pétales glisser sur un sol tapi de rose et errer dans une pluie de pétales était féerique. Quel que soit le nombre de fois où je le regarde, cette événement m'est toujours exceptionnel. Me sortant complètement de mes pensées, pour un moment du moins, Ageha pris la parole, brisant ce silence si cher à mes yeux. C'était une habitude pour les gens de briser un instant de silence ! Je détestais ça !

-Et sinon, heu... Tu sais s'il y a des choses intéressantes, dans ce lycée? Genre, bars, ou une rave, ou juste un endroit où se réunir le soir?

Je la dévisageais de nouveau, que voulait-elle vraiment dire par "choses interessantes" ? C'est plutôt subjectif. Pour moi c'était un groupe de rock à intégrer ou une bande de délinquante à frapper, une bonne tuerie générale avec mes amies américaines. Non, je ne dois pas me fondre dans mes souvenirs, la nostalgie ne m'apporterais rien. Et puis elle voulait sécher le français et elle me demandait maintenant des "choses intéressantes", plutôt directe comme fille. Pour une a-sociale, de a privatif, comme moi, c'était presque un exploit de parler; presque parce que les gens qui m'énervent je les apostrophents après un bon coup bien placé. Je me radossais à la barrière en lui répondant avec désinvolture :


-Il n'y a pas grand choses, quelques clubs mais rien d'exceptionnel, enfin ce n'est que mon point de vue.

Je regardais le bas, ne jamais regarder en bas ça donne le vertige qu'ils nous disent, mouais, moi ça me donnait juste envie de sauter. Suis-je normale ? Non pas vraiment, sinon il y a longtemps que je serais internée, enfin je crois. On ne peut pas dire que je sois un modèle de fille parfaite, quoique je ne m'appelle Nadeshiko [Hors rp : un prénom féminin qui illustre la perfection et la grâce féminine] ! D'un oeil distrait je la regardais puis m'affalais sur la barrière, lasse.

-Il n'y a pas grand choses, quelques clubs mais rien d'exceptionnel, enfin ce n'est que mon point de vue.

Ageha soupira, complètement découragée. Des clubs. C'était ça, les seuls trucs qi'on pouvait faire ici? Hé bah, c'était pas la joie. Pas de boîte de nuit, pas de rave, pas de musique lancée à fond, pas de dance au rythme hypnothique des basses ; pas de gang, pas de dealer, pas de drogue... Elle sentait qu'elle allait s'ennuyer à mourir. De plus, celle-là n'avait pas l'air disposée à parler. Oh, super! se dit-elle. Mais je fais quoi ici, moi?

La jeune fille blonde soupira une nouvelle fois et s'éloigna de Miu. Elle passa devant la cigarette éteinte, se dirigea vers l'escalier, passa la porte et descendit. Là, elle réflechit. Où aller? Pourquoi pas dans le parc?

Ageha soupira, la pauvre, je devais l'avoir déçu. En même temps, je n'allais pas lui mentir en disant qu'il y avait des supers activités et qu'elle découvre seule qu'il n'y a que des clubs bidons. Ça en devenait barbant, pour tout dire, les clubs n'avait rien d'original ni de novateur, c'étaient des clubs tout ce qu'il y a de plus banal. Club d'équitation, club d'astro, club de kendo, en bref vraiment des activités qui n'ont aucun intérêt. Je commençais même à me lasser de passer dans tous les clubs, c'était une corvée et devoir toujours leur dire la même chose pour refuser m'agaçais sérieusement. Ageha soupira de nouveau et partit en direction des escaliers. J'entendis leur bruit lorsqu'elle les descendit. Je restais un peu sur la barrière, regardant les cerisiers en bas et le ciel bleu en face de moi. Finalement, elle avait compris seule que je ne voulais pas de compagnie, pourtant c'était moi qui était venue la voir, enfin venu la voir, c'est un bien grand mot, j'étais monté sur cette parcelle de l'Académie plutôt. Je marchais vers les escaliers et m'arrêtais sans descendre mais je m'appuyais sur la rambarde. En détournant le regard pour rester crédible, je dit avec un air de malice :

-Il a peut-être quelque chose d'intéressant, si tu aimes les gangs, j'ai sûrement quelque chose.

Je descendis les escaliers, un grand sourire sur le visage, je mettais mon sac sur l'épaule et m'arrêtais de nouveau, cette fois-ci à la fin des escaliers :

-Viens me voir quand tu veux pour parler de ça, je vais en français.

J'avais été amicale et je voulais presque lui présenter un groupe de délinquants, je ne savais toujours pas ce que je ressentais, mais elle avait l'air d'être de la même trempe que moi, enfin proche de moi, je crois que j'étais un cas unique et désespéré dans le mauvais sens du terme. Et je continuais mon chemin vers la salle pour partir dans une heure de «déblatérations» idiotes d'un prof bizarre. Je souris à cette idée, je pourrais toujours sécher mais j'aurais ensuite mes parents sur le dos et lorsque j'irais revoir mes amis à l'Académie Impériale, je passerais pour une délinquante -ce que j'étais- immature et irresponsable. Je ne voulais surtout pas ça, je secouais la tête pour me sortir cette idée et partie.

-Il a peut-être quelque chose d'intéressant, si tu aimes les gangs, j'ai sûrement quelque chose. Viens me voir quand tu veux pour parler de ça, je vais en français.

Ageha regarda Miu s'éloigner d'un air étonné. Ah, c'était comme ça? Drôle de personnage, cette fille aux cheveux rouge qui t'envoyais bouler puis faisait brusquement volte-face pour t'aider. Enfin, elle n'allait quand même pas se plaindre, hein! Ageha se pencha par-dessus la rambarde de l'escalier, et ses longs cheveux dorés se balancèrent dans le vide.

-Le plus tôt serait le mieux!

Elle se redressa en souriant. L'avenir semblait soudain s'éclaircir. Oh, certe, s'il y avait une bande ici, elle ne s'y sentirait sûrement pas aussi bien qu'avec celle de Haru, mais c'était déjà ça. Un énorme sourire plaqué sur le visage, elle se dirigea lentement vers le parc, pour profiter de la journée qui s'annonçait - une belle journée.

Sur ce, j'avançais vers le bâtiment. Certes, la pause n'était pas finie mais j'avais vraiment besoin de reste seule. Oui, oui, j'étais mal placée pour dire ça puisque c'est moi qui suit allée voir Ageha; mais tout de même ! La blondinette aimerait sûrement le groupe auquel je la présenterais : clopes, soirées de chasse et combats à la clé. Moi, les clopes, je préférais passer mon tour, c'était vraiment pas mon truc; quelque chose de puant qui rongent les poumons, très peu, merci. Je m'arrêtais pour laisser passer des gamins qui se courraient après à perdre haleine. Ageha me cria quelque chose penchée sur la rambarde :

-Le plus tôt sera le mieux !

Je me retournais et souris, cette petite irait loin, c'était une vraie dure. Je ne vais pas dire comme moi, je crois que je suis un cas désespéré qu'il faudrait interner d'urgence. Non, vraiment, être délinquante alors que ses parents sont pleins aux as et t'achetaient tout ce que tu voulais, c'était absurde. Mais c'était faux, il me manquait le plus important, je ne saurais dire vraiment ce qu'il me manquait mais je n'avais pas une chose, la seule et de ce fait, je ne respirais pas le bonheur. Et en plus, je faisais peur aux gamins, je devais avoir une tête de démone ou quoi ?! Je me retournais et continuais mon chemin sans prêter attention à la chevelure dorée qui voguait en haut des escaliers. Ce n'était pas vraiment, même pas du tout sympa ce que je faisais à Ageha.

*Tant pis !*

Finalement, je revins un peu sur mes pas et lui sourit :

-Viens devant le portail de l'Académie demain soir, je te montrerais.


Ça tombait assez bien, demain on était jeudi, et le jeudi dans la bande de la ville, c'était le jour où on défiait une autre bande. Le jour était bien choisi pour lui montrer la bande. Je m'en allais définitivement vers le bâtiment. Le soleil allait lentement jusqu'à son apogée, la journée serait belle. Les arbres laissaient tomber leurs pétales et commencer à faire des fruits. L'été arrivait et cette saison était celle de la plage, des combats nocturnes à la lueur mélangée de la lune et du soleil. Le bonheur commencerait-il à se pointer ? Bah, je n'y croyais pas vraiment, je continuerais à me battre et à faire couler le sang sous les étoiles et à jouer l'élève modèle et réservée au lycée. J'arrivais devant les portes du bâtiment lorsqu'un gamin me bouscula et continua à courir. Je me remis rapidement d'aplomb et criait à son intention :

-Regarde où tu cours, gamin !

Puis je rentrais dans le bâtiment pour m'assoir sur une marche.